Italie – Éduquer à l'espérance : le P. Chávez en parle

08 février 2022

(ANS - Lecco) - À l'approche de la fête de Don Bosco, le P. Pascual Chávez Villanueva, 74 ans, Recteur Majeur Émérite de la Congrégation Salésienne, a donné une conférence intitulée « Éduquer à l'optimisme » à l'Institut « Marie Auxiliatrice » de Lecco. Le thème de son rapport est devenu le point de départ d'une interview intéressante qui touche également à d'autres sujets, notamment la pandémie, le monde des jeunes et la catéchèse.

Pourquoi est-il important aujourd'hui d'éduquer à l'optimisme et à l'espérance ?

La pandémie nous a pris au dépourvu. Nous étions convaincus que nous étions au temps de l'Homo Deus évoqué par l'historien israélien Yuval Noah Harari, l'homme qui se croit immortel. Et pourtant, nous avons fait l'expérience directe de la fragilité. Nous n'aurions jamais pensé qu'une molécule mettrait l'humanité entière à genoux. Cette crise sanitaire est suivie d’une crise économique, aux effets dévastateurs, et d’un fort malaise social. Dans ce contexte, la résignation, le pessimisme et le désespoir sont omniprésents.

Que ferait Don Bosco aujourd'hui, en temps de pandémie ?

Les jeunes générations n'ont connu ni la guerre ni la faim ; ils avaient l'habitude de ne traiter que des virus informatiques, pour lesquels il y a de nombreux antivirus. D'où le choc. Je suis de nombreux youtubeurs et influenceurs en ligne : pendant le confinement, ils étaient littéralement sans voix. Pourquoi ? Ils n'étaient pas préparés à affronter des événements négatifs, les transformant en plates-formes pour une relance, ce qui est exactement ce que Don Bosco a fait. Les conditions défavorables pour Don Bosco (et combien il en a connues dans sa vie !) se sont révélées être des opportunités pour donner le meilleur de lui-même, en réagissant avec résilience. Une grande leçon pour aujourd'hui.

Quelle est la différence entre un optimisme générique et une espérance comprise en termes chrétiens ?

Le premier est l'expression d'un sentiment humain, l'effort, parfois velléitaire, de ceux qui cherchent des voies de sortie dans l'obscurité. L'espérance du chrétien, au contraire, se fonde sur le fait qu'il y a eu Un, un seul homme dans la longue histoire de l'humanité, qui a vaincu la mort. Il ne l'a pas fait à travers la technologie, il n'a pas eu recours au clonage, mais à la seule énergie capable de vaincre la mort : l'amour. Le fait que Dieu le Père ait ressuscité Jésus nous donne l'espoir qu'aucun mal n'est définitif. Et cela met le chrétien dans les conditions d'une sortie de soi, de son autoréférentialité, pour vivre au service des autres.

Pourtant, les jeunes se retrouvent à vivre dans un monde marqué par le consumérisme et l'égoïsme...

Éduquer à l'espérance permet de faire face aux défis de la pandémie, mais surtout au problème le plus grave de tous : l'immanentisme. Ayant fermé l'homme dans l'« en-deçà, » il ne faut pas s'étonner si les jeunes se contentent de vivoter, gaspillant leur existence, et s'ils montrent si fortes résistances à prendre des engagements définitifs, optant pour des choix continuellement réversibles. Nous vivons aujourd'hui, sans perspective à long terme. C'est pour moi le défi le plus exigeant : il faut éduquer à l'Absolu. Sinon, la vie est réduite à un simple cycle biologique sans sens.

Beaucoup de jeunes, après avoir reçu une éducation catholique, abandonnent l'Église et prennent d'autres chemins. Pourquoi cela se produit-il et comment réagissons-nous à ce phénomène ?

Les jeunes abandonnent l'Église parce qu'ils ne comprennent plus sa langue et ses rites. Un grand changement dans l'itinéraire de la foi est nécessaire. Jusqu'à présent, nous avons suivi un chemin « chronologique, » proposant progressivement une catéchèse par tranche d'âge, mais aujourd'hui ce modèle ne fonctionne plus. Il faut passer à une approche « kairologique, » centrée sur les « kairòs, » c'est-à-dire les situations et les expériences qui touchent profondément les jeunes et suscitent des interrogations. C'est la raison pour laquelle les différents « Chemins » ont beaucoup de succès. Après tout, le principal modèle d'éducation à la foi est plus que jamais celui d'Emmaüs.

Dans quel sens ?

Jésus voit ses disciples désenchantés, déçus. Et qu'est-ce qu’il fait ? Il marche avec eux. Il ne reproche pas et ne donne pas de leçons, mais il écoute. Le problème, en tant qu'éducateurs, c'est qu'on donne souvent aux jeunes des réponses à des questions qu'ils n'ont pas, alors que nous avons des difficultés à vraiment les écouter. D'où commencer ? Autrefois on partait de la tête pour aller au cœur, maintenant il faut faire le contraire, stimuler l'imagination. Cela s'applique également à l'éducation à la foi. La dernière chose que les adolescents et les jeunes d'aujourd'hui souhaitent, c'est que leurs désirs et leurs rêves soient tronqués. Don Bosco était un maître en la matière et nous devons nous inspirer de lui.

InfoANS

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