Vatican – Pire que la crise, le drame de la gâcher
Spécial

30 juin 2021

(ANS - Cité du Vatican) - Lorsque la pandémie sera enfin derrière le monde entier, il faudra un monde du travail différent de ce qu'il était avant, qui sache partir des marginalisés et qui sache comment valoriser la dimension du prendre soin. Ces deux idées, tirées du message que le Pape François a envoyé à la 109e Conférence Internationale du Travail, sont analysées par Sr Alessandra Smerilli, religieuse des Filles de Marie Auxiliatrice, sous-secrétaire du Dicastère du Vatican pour le Développement Humain Intégral. Voici un résumé de sa réflexion.

Pire qu'une crise comme celle que nous vivons, il n'y a que le drame de la gâcher. Le virus, comme un fléau, a affecté tous sans distinction. Ses effets se sont cependant propagés de différentes manières, avec des conséquences particulièrement graves pour certains.

De nombreux emplois ont été perdus, les opportunités d'emploi décent ont diminué, les travailleurs avec moins de sécurité et de protection sociale ont souffert et souffrent plus que les autres.

La priorité est donc claire : redémarrer en se concentrant sur les travailleurs qui sont en marge - une catégorie vaste et hétérogène - car une société ne peut pas « progresser en écartant. »

Le Pape François identifie quelques directions pour l'avenir. La première est que le travail n'est pas simplement un emploi, et ce n'est pas seulement un emploi formel. On peut être travailleur (worker), sans être salarié (employee) avec un contrat régulier. Cela implique une nouvelle façon de penser les garanties, en particulier pour ce travail informel qui représente 70 % de l'emploi dans certaines régions du monde, mais qui est aussi très présent dans les sociétés les plus avancées.

La deuxième direction pour l'avenir, mise en évidence par la pandémie, est de prendre au sérieux le thème du soin. Le travail et le soin sont deux dimensions fondamentales de l'être humain : toutes deux donnent de la dignité à notre vie sur cette terre. Pourtant, si le travail est valorisé, même socialement, le soin est invisible, oublié, sous-estimé.

Ce thème a été abordé lors d'une conférence organisée par la Commission Vaticane sur Covid-19 et l'Université Loyola de Chicago : A better way to work: Pope Francis, the Care Economy, and the Future of Work. Il est apparu que la voie à suivre est de considérer la question du soin comme un engagement de l'ensemble de la communauté, et non des individus ou des familles individuelles.

La proposition, avancée également par la philosophe canadienne Jennifer Nedelski, est d'intégrer les activités de soin dans le temps de travail de chacun. Personne ne devrait travailler plus de 30 heures par semaine et personne ne devrait consacrer moins de 22 heures par semaine à des activités de soin, à l'intérieur et à l'extérieur de la famille.

Ce n'est que si nous parvenons à valoriser socialement et juridiquement le soin que nous pourrons faire en sorte qu'il devienne une dimension essentielle de tout emploi, car « un travail qui ne prend pas soin, qui détruit la création, qui met en danger la survie des générations futures, est non respectueux de la dignité des travailleurs et ne peut être considéré comme digne. »

Sœur Alessandra Smerilli, FMA

InfoANS

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