RMG – L'héritage du Pape Benoît XVI pour l'éducation catholique
Spécial

12 janvier 2023

(ANS - Rome) - Une semaine après les funérailles simples mais émouvantes du Pape Benoît XVI, sa mémoire est toujours vivante parmi des millions de fidèles, alors que beaucoup essaient d'en savoir plus sur l'héritage qu'il laisse à l'Église Universelle. Avec un regard salésien, aujourd'hui nous approfondissons, à travers deux de ses discours sur le sujet, quelques-unes de ses considérations dans le domaine de l'éducation.

Le Pape Benoît XVI était un grand défenseur de la cause de l'éducation. Toute sa vie, il a exercé le magistère, enseignant la théologie. En tant que pontife, il s'est adressé d'innombrables fois aux éducateurs et aux établissements d'enseignement. Il a également parlé aux étudiants et au monde de la science.

Ratzinger s'est toujours inspiré de Saint Augustin, dont le message tourne autour de l'idée « croire pour comprendre et comprendre pour croire. » C'est pourquoi, dans son pontificat, l'urgence de la formation à la vérité et à l'amour est souvent apparue, dénonçant la négligence avec laquelle le monde contemporain traite la formation des jeunes.

Pour célébrer le grand don de Benoît XVI à l'Église et au monde, l'Association Nationale de l'Éducation Catholique (ANEC) du Brésil a extrapolé certaines de ses idées sur l'éducation qui peuvent et doivent être lues en continuité avec la pensée du Pape François, notamment sur le Pacte Mondial pour l'Éducation :

Éduquer n'a jamais été facile

Eduquer n'a toutefois jamais été facile et cela semble devenir encore plus difficile aujourd'hui. Les parents, les enseignants, les prêtres et tous ceux qui exercent des responsabilités éducatives directes le savent bien. On parle donc d'une grande « urgence éducative » confirmée par les échecs auxquels se heurtent trop souvent nos efforts pour former des personnes solides, capables de collaborer avec les autres et de donner un sens à leur vie. Nous en rejetons alors spontanément la faute sur les nouvelles générations, comme si les enfants qui naissent aujourd'hui étaient différents de ceux qui naissaient jadis. On parle, en outre, d'une « fracture entre les générations, » qui existe certes et qui est importante, mais qui est l'effet, plutôt  que  la cause, du manque de transmission de certitudes et de valeurs. (Lettre du Saint-Père Benoît XVI au diocèse et à la ville de Rome sur le devoir urgent de la formation des nouvelles générations - janvier 2008).

Éduquer aux valeurs : un souci contemporain

Toutefois, quand les fondations sont ébranlées ou quand les certitudes essentielles font défaut, le besoin de ces valeurs recommence à se faire sentir de façon urgente:  ainsi, concrètement, la demande d'une éducation qui soit une réelle éducation, augmente aujourd'hui. Les parents, préoccupés et souvent angoissés pour l'avenir de leurs enfants, la demandent; beaucoup d'enseignants, qui vivent la triste expérience de la dégradation de leurs écoles, la demandent; la société dans son ensemble, qui voit mettre en doute les bases mêmes de la coexistence, la demande; les enfants et les jeunes, qui ne veulent pas être laissés seuls face aux défis de la vie, la demandent au plus profond d'eux-mêmes. Par ailleurs, celui qui croit en Jésus Christ a une autre raison, plus forte encore, de ne pas avoir peur:  il sait, en effet, que Dieu ne nous abandonne pas, que son amour nous atteint là où nous sommes et tels que nous sommes, avec nos pauvretés et nos faiblesses, pour nous offrir une nouvelle possibilité de bien. (Ibidem)

Les exigences de l'éducation : amour, résilience, liberté et discipline

[...] Pour rendre plus concrètes mes réflexions, il peut être utile de discerner quelques exigences communes d'une éducation authentique. Elle a besoin avant tout de cette proximité et de cette confiance qui naissent de l'amour; je pense à l'expérience première et fondamentale de l'amour que font, ou du moins devraient faire, les enfants avec leurs parents. Mais tout éducateur véritable sait que pour éduquer il doit donner quelque chose de lui-même et qu'ainsi seulement il peut aider ses élèves à surmonter leurs égoïsmes et à devenir, à leur tour, capables d'un amour authentique.

Chez le petit enfant déjà, il existe un grand désir de savoir et de comprendre qui se manifeste dans ses questions et ses demandes d'explications incessantes. Une éducation qui se limiterait à fournir des notions et des informations, mais qui laisserait de côté la grande question concernant la vérité, surtout cette vérité qui peut servir de guide dans notre vie, serait une bien pauvre éducation.

La souffrance aussi fait partie de la vérité de notre vie. Par conséquent, en cherchant à tenir les plus jeunes à l'écart de toute difficulté et expérience de la douleur, nous risquons de faire grandir, malgré nos bonnes intentions, des personnes fragiles et peu généreuses:  la capacité d'aimer correspond, de fait, à la capacité de souffrir et de souffrir ensemble.

Nous en arrivons ainsi, chers amis de Rome, au point sans doute le plus délicat de l'œuvre éducative:  trouver un juste équilibre entre la liberté et la discipline. Sans règles de comportement et de vie, mises en évidence jour après jour jusque dans les petites choses, on ne forme pas le caractère et on n'est pas préparé à affronter les épreuves qui ne manqueront pas à l'avenir. Cependant, la relation éducative est avant tout la rencontre de deux libertés et l'éducation bien réussie est une formation au bon usage de la liberté. Au fur et à mesure que l'enfant grandit, il devient un adolescent, puis un jeune; nous devons donc accepter le risque de la liberté, en demeurant toujours prêts à l'aider à corriger des idées et des choix erronés. En revanche, ce que nous ne devons jamais faire, c'est de le seconder dans les erreurs, faire semblant de ne pas voir, ou pire de les partager, comme si elles étaient les frontières du progrès humain. (Ibidem)

Le rôle de l'autorité dans l'éducation

L'éducation ne peut donc pas se passer de cette autorité morale qui rend crédible l'exercice des rapports d'autorité. Elle est le fruit de l'expérience et de la compétence, mais s'acquiert surtout par la cohérence de sa propre vie et par l'implication personnelle, expression de l'amour véritable. L'éducateur est donc un témoin de la vérité et du bien:  certes, il est fragile lui aussi et peut se tromper, mais il cherchera toujours à être en harmonie avec sa mission. (Ibidem)

L'espoir : l'âme de l'éducation

[...] Seule une espérance fiable peut être l'âme de l'éducation, comme de la vie tout entière. Aujourd'hui notre espérance est assiégée de toutes parts et nous risquons de redevenir nous aussi, comme les païens d'autrefois, des hommes « sans espérance et sans Dieu dans ce monde, » comme l'écrivait l'Apôtre Paul aux chrétiens d'Ephèse (Ep 2, 12). C'est ici précisément que naît la difficulté peut-être la plus profonde pour une véritable œuvre éducative:  à la racine de la crise de l'éducation se trouve, en effet, une crise de confiance dans la vie.

Je ne peux donc pas terminer cette lettre sans une chaleureuse invitation à placer en Dieu notre espérance. Lui seul est l'espérance qui résiste à toutes les déceptions; seul son amour ne peut pas être détruit par la mort; seules sa justice et sa miséricorde peuvent panser les injustices et récompenser les souffrances subies. L'espérance qui s'adresse à Dieu n'est jamais une espérance pour moi seul, c'est toujours aussi une espérance pour les autres:  elle ne nous isole pas, mais nous rend solidaires dans le bien, nous stimule à nous éduquer réciproquement à la vérité et à l'amour. (Ibidem)

Les écoles s'ouvrent à un horizon plus large

Dans vos écoles catholiques, il y a toujours un cadre plus grand qui dépasse les matières que vous étudiez, les différentes compétences que vous apprenez. Tout le travail que vous faites se situe dans le contexte de la croissance de cette amitié avec Dieu et de tout ce qui découle de cette amitié. Aussi vous n’étudiez pas seulement pour être de bons étudiants, mais de bons citoyens, de bonnes personnes. A mesure que vous progressez au sein de l’école, vous avez à faire des choix concernant les matières que vous étudiez, vous commencez à vous spécialiser en ayant une idée de ce que vous allez faire plus tard dans votre vie. Tout cela est juste et bien. Mais rappelez-vous toujours que chaque matière que vous étudiez fait partie d’un plus grand dessein. Ne vous enfermez jamais dans des limites étroites. Le monde a besoin de bons chercheurs, mais une perspective scientifique devient dangereusement étroite si elle ignore la dimension religieuse et éthique de la vie, tout comme la religion devient étriquée si elle rejette la légitime contribution de la science pour notre compréhension du monde. Nous avons besoin de bons historiens, philosophes, économistes, mais si la compréhension de la vie humaine à travers leur domaine particulier est trop étroitement polarisé, ils peuvent nous amener à nous égarer gravement. (Discours de Benoît XVI aux élèves lors de son voyage apostolique au Royaume-Uni, septembre 2010)

Une école catholique doit éduquer à la sainteté

Une bonne école pourvoit à une éducation complète de la personne tout entière. Et une bonne école catholique, en plus de cela, devrait aider tous ses élèves à devenir des saints. (ibidem).

Gregory Rial,

Bureau national de l'Association Nationale de l'Éducation Catholique (ANEC)

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