« Ce que nous vivons est une période délicate et décisive, qui peut être l’occasion d’une transition positive, mais qui nécessite de grands changements : dans le monde du travail, dans l’économie, dans notre propre organisation sociale, dans notre équilibre avec la nature. Le Pape a demandé à nous les économistes des propositions concrètes pour faire face à ces défis, avec des bases solides, mais aussi la créativité de l’Évangile, » dit la religieuse.
La direction dans laquelle travaille la commission post-Covid-19 du Vatican est celle d’un modèle économique plus durable et de l’écologie intégrale. Pour cette raison, Sœur Smerilli participe également à l’année des célébrations de Laudato Si’, cinq ans après sa publication. A partir du 1er septembre, journée de protection de la Création, jusqu’en mai 2021, le programme de l’année de Laudato Si’ implique des Églises locales, ordres religieux, écoles et universités, entreprises et paroisses, à travers des événements, des séminaires et des occasions de partage. L’art jouera également un rôle important : « L’esprit de Laudato Si’ commence par un regard contemplatif sur la Création - poursuit Sœur Smerilli -. L’art dans ce processus est très important, car il nous dit gratuité, passion. Il nous dit que ce qui nous anime, c’est la tension vers la beauté, pas tant que « nous devons » changer de comportement. »
Femme, économiste et religieuse. Ces trois aspects distinguent profondément l’engagement de Sœur Smerilli. « Je suis convaincue que la question féminine est l’un des défis cruciaux de notre temps… Il y a des compétences que les femmes ont développées plus que les hommes, pour des raisons notamment culturelles, qui sont particulièrement adaptées pour affronter les problèmes de notre temps. Renoncer à cette contribution serait comme regarder d’un seul œil : la vision de la réalité est déformée. »
Pour faire face aux défis du futur, selon Sœur Smerilli, il sera essentiel de privilégier la coopération plutôt que la compétition : « Le Pape François l’a très bien dit le 27 mars : « Personne ne se sauve tout seul. » Ce virus, une créature invisible, l’a rendu évident. Il est essentiel de comprendre où nous allons pour agir afin de gérer la transition. En ce sens, le Green New Deal, le projet européen de transition écologique de l’Union Européenne, peut être l’occasion de créer de nouveaux emplois et, en même temps, d’évoluer vers une économie réconciliée avec l’environnement et la nature, avec les temps humains et les rythmes de travail. »
