Cette date revêt une triple signification :
– Le 11 novembre, date à laquelle Don Bosco a béni et envoyé les premiers missionnaires depuis la Basilique Marie Auxiliatrice, leur prodiguant les premières instructions fondamentales pour leur mission ;
– La date du 14 novembre correspond au départ du paquebot Savoie de Gênes, à bord duquel les huit premiers des « Dix Magnifiques » se sont embarqués (les deux autres sont partis quelques jours plus tard à Marseille) ;
– et il y a la date du 14 décembre, qui marque le débarquement à Buenos Aires (après une escale au Brésil).
C’est le début de la mission ! À la suite des Italiens qui avaient émigré d’une nation incapable, dans un premier temps, de leur offrir travail et logement. Leurs cœurs et leurs esprits étaient tournés vers des terres jamais atteintes par l’Évangile : ou plutôt, vers ceux auxquels des hommes qui se proclamaient représentants du christianisme imposaient la violence de l’envahisseur. En effet, le gouvernement menait une expansion, s’estimant en droit d’occuper les terres ancestrales des peuples autochtones : les missionnaires salésiens avaient la double responsabilité de démentir les pratiques colonisatrices de ceux qui avaient la même couleur que leur peau et de porter aux populations autochtones le message de la libération de l’homme - de tout être humain !
Cette question reste d’actualité : le Cardinal Ángel Fernández Artime, Recteur Majeur Émérite des Salésiens et aujourd’hui Propréfet du Dicastère pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique, a participé aux événements organisés par les Salésiens de Junín de los Andes. Au Sanctuaire Notre-Dame des Neiges, lors de la Messe du dimanche célébrée par la communauté Mapuche-Huayquillán, il a souligné que « beaucoup de vos parents, grands-parents et arrière-grands-parents ont été les protagonistes de cette précieuse histoire. Il ne s'agissait pas simplement d'un carrefour, mais du début d'un processus de rencontre, de dialogue, d'apprentissage mutuel et de diffusion de l'Évangile au cœur des réalités de cette terre. Commémorer, c'est regarder la vérité de l'histoire, avec ses lumières et ses ombres, pour avancer avec humilité et fraternité ».
Et l'on peut véritablement considérer que l'impact du charisme salésien auprès de ces populations a été positif, puisque la Congrégation a développé une présence considérable qui s'est étendue à tout le Cône Sud, puis jusqu'en Amérique Centrale.
Les protagonistes de cette « expansion » missionnaire furent ces dix premiers hommes courageux qui, au prix d'un sacrifice total de leur temps, ont mis leur foi et leurs compétences au service de la mission, et ont été consommés par des conditions sociales et climatiques difficiles. Parmi eux, le P. Jean Cagliero s’est distingué par son humanité et son sens de l'organisation. Il était le « capitaine » de cette expédition et allait devenir le premier évêque et cardinal de la nouvelle Congrégation fondée par Don Bosco. Ce que Don Michel Rua fut pour l'Europe, le P. Cagliero le fut pour l'Amérique : un véritable promoteur des racines salésiennes auprès des jeunes au tournant des XIXe et XXe siècles. C'est grâce à lui que les célébrations du 150e anniversaire se prolongeront jusqu'en 2026, en raison du centenaire de sa mort, le 28 février.
En effet, le 11 novembre 2025, exactement 150 ans après la mission de Valdocco, le P. Fabio Attard, Recteur Majeur, a présidé une concélébration eucharistique solennelle, au cours de laquelle il a remis la croix missionnaire aux 19 Fils de Don Bosco désormais nouvellement partis. À l'occasion de l'anniversaire du départ du paquebot Savoie, le P. Attard a lancé un nouvel appel, exhortant à une « fidélité charismatique et à une générosité missionnaire renouvelée », soulignant : « Aujourd'hui, j'adresse un nouvel appel missionnaire à tous les cœurs salésiens, aux quatre coins du monde : la mission n'est pas terminée. La mission est maintenant ». L'invitation est à s'engager dans un « discernement courageux » pour répondre aux besoins de la Congrégation « dans les périphéries où le Christ nous attend déjà ».
Aujourd'hui, cet élan se poursuit, également soutenu par de nombreuses organisations et réalités salésiennes, telles que « Missioni Don Bosco », la Procure Missionnaire salésienne de Turin, qui veillent à la proximité de leurs bienfaiteurs avec chaque missionnaire qui poursuit l'œuvre salésienne auprès des jeunes, en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables.
